Tunisie
4 ans de prison ferme pour Taoufik Hammami dont le crime est d’être le neveu de Hamma Hammami
« Taoufik Hammami, un jeune entrepreneur tunisien, a été condamné hier à 4 ans de prison ferme pour vol aggravé de menaces sur la victime » a déclaré son avocate Radia Nasraoui aujourd’hui, jointe au téléphone.
Pour la célèbre avocate qui a été sauvagement violentée il y a deux semaines « Il s’agit d’un procès inique. L’affaire est fabriquée de toutes pièces. Son dossier souffre de nombreuses contradictions et hormis les déclarations de la victime, il n’y a aucune preuve contre Taoufik Hammami ».
Elle-même étant sous l’emprise du choc suite à cette condamnation, l’avocate de Taoufik Hammami explique « Je pensais que Taoufik Hammami serait libéré, il est innocent et n’importe quel juge aurait ordonné sa libération » avant d’ajouter, « cette condamnation est une preuve de plus de l'absence de plus de l’indépendance de la justice en Tunisie ».
Persécution de la famille Hammami et du POCT
Il est à rappeler que Taoufik Hammami a été arrêté et violemment torturé plusieurs fois par le passé, tout particulièrement dans le célèbre procès du POCT du 13 mars 1992.
Le 14 juillet 2004, il a été enlevé par la police politique de Ben Arous (Banlieue de Tunis) avant d’être déféré devant le juge d’instruction qui lui a notifié qu’il était accusé pour vol aggravé de menaces sur la victime.
Il est à rappeler également qu’outre Maître Radia Nasroui, tous les avocats qui ont pu prendre connaissance du dossier de Taoufik Hammami s’accordent sur l’absence de toutes preuves et sur le caractère « politique » de l’affaire.
Il semble que le procès qui est intenté à Taoufik Hammami s’inscrit dans une politique de persécution insidieuse du pouvoir qui viserait la famille élargie de Taoufik Hammami. D’autant plus que depuis qu’il a été arrêté, son entreprise a coulé et ses créanciers, poussés par le pouvoir, ne manqueront pas de se manifester. Par ailleurs, après le départ de ses frères Lotfi et Abdelwahab en France, Taoufik Hammami avait pris sa famille en charge et subvenait à ses besoins, son père étant âgé de 75 ans
Lotfi Hammami, frère de Taoufik, est un ancien prisonnier d’opinion, il a été plusieurs fois violemment torturé et emprisonné dans des procès politiques. En France, il est un des militants les plus actifs et une des bêtes noires du pouvoir de M. Ben Ali.
Dans une lettre rendue publique, où il répond aux « déclarations mensongères des autorités tunisiennes » il avait précisé « C’est parce que j’ai refusé ce chantage et toute compromission contre mon avocate que j’ai eu droit à toute sorte de torture pendant 14 jours. Ils ont fini par utiliser un procès verbal falsifié pour transformer mon avocate en ma coïnculpée »
Rchid Trabelsi un cousin de Taoufik a été lui aussi torturé et emprisonné avant de regagner la France où il a obtenu le statut de réfugié politique. Lors de son interrogatoire, la police politique avait noté « l’accusé a fini par avouer qu’il est le neveu de Hamma Hammami » se souviens aujourd’hui Rchid Trabelsi en France.
Dans une autre lettre ouverte rendue publique, Rachid Trabelsi, Mohsen Chabbi et Lotfi Hammami, parents de Hamma Hammami et Radia Nasraoui, expliquent « les familles de Hamma Hammami et Radia Nasraoui ont subi 26 procès contre leurs membres. 23 cas de torture dans les locaux de la police politique et de la sûreté de l’Etat ont été signalés. La torture a duré, pour quelques membres, plus de 21 jours en mars 1992 et février 1998. Pour accomplir sa répression organisée, le régime tunisien s’est attaqué aux membres les plus proches des deux familles en provoquant 18 cas de licenciement abusif pour certains, des exclusions des lycées et des universités pour d’autres et l’interdiction de travailler dans la fonction publique pour l’ensemble. La liberté de circulation de certains membres de ces familles a été aussi bafouée puisqu’elles ont été privées de leur passeport, c’est le cas de Mohsen Chabbi dont le passeport a été saisi pendant 8 ans. Pendant 16 ans, ces familles ont été exposées à la répression et aux sanctions collectives. Plusieurs de leurs membres souffrent toujours des séquelles de la torture subies pendant cette période. Les dégâts physiques sont aujourd’hui apparentes pour le cas de Rachid Trabelsi, Abdel Waheb Hammami, Lotfi Hammami et Chedli Hammami. Il s’agit de preuves de la barbarie du régime tunisien qui ne peuvent pas être effacées ».
Souvent montré du doigt des ONG des Droits de l’Homme et le Département d’Etat d’américain pour les violations des droits de l’Homme et les procès politique, le pouvoir tunisien a fini par trouver la parade en accusant ses détracteurs en inventant des d’affaires de « Droits commun » et en instituant le principe de la « punition collective ».
A Tunis, Radia Nasraoui, l’avocate de Taoufik Hammami assure qu’un Comité verra le jour prochainement pour le défendre, alors qu’en France plusieurs consultations ont eu lieu aujourd’hui en vue de préparer une campagne médiatique et un Comité pour la libération de Taoufik Hammami.
Un appel signé par plusieurs jeunes tunisiens paraîtra prochainement de la France appelant l’opinion nationale et internationale à exprimer leur solidarité avec Taoufik Hammami, avec un seul mot d’ordre « Nous ne laisserons pas la dictature détruire nos familles, l’avenir de la Tunisie, la jeunesse, ainsi que l’espoir d’une Tunisie libre et démocratique ».
Jusque-là, l’Union Européenne et les Etats-Unis avaient cautionné avec leur silence ou leurs soutiens actifs « la dictature en Tunisie ».
Sami Ben Abdallah
Paris le 19/03/2005.
Les personnes désirant avoir plus d’informations sur cette affaire peuvent contacter Maître Radia Nasraoui sur le 00.216.98.33.99.60